On, nous, je : des pronoms personnels impersonnels
										Écrire on, écrire nous
										
											 Mardi 10 Novembre 2020 20:45    
											
											
							 
										Je, on sait qui c’est, tu aussi, nous également, mais qui est on ?
On remarque déjà que on se conjugue comme « il » ou « elle ». C’est donc un pronom personnel qui est le sujet d’un verbe. Sauf que, si « il » et « elle » sont des singuliers, « on » se réfère souvent à plusieurs personnes, même si on peut se référer à une seule personne.
								 
										L’origine de 
on est nominale (cas sujet du latin homo, devenu hum, um, puis 
on en ancien français, alors que le cas régime hominem a donné homme), ce qui équivaut à untel, c’est-à-dire quelqu’un dont on ne sait pas qui c’est ou dont on ne veut pas dire qui c’est. Le Grevisse nous renseigne.
								
 
										Puis, le pronom a pris diverses valeurs restreintes, en remplacement d’autres pronoms, pour exprimer « la modestie, la discrétion, l’ironie, le mépris, l’orgueil, le reproche, etc. » (Grevisse 1969 : paragr. 587) : « Il est grand besoin qu’
on », ici 
on est employé pour 
je.  « A-t-
on été sage, mon enfant ? » pour as-tu été sage. Comme ce juge, qui veut être sympa dit au prévenu : « alors, 
on a volé une vieille dame ? » et qui se voit répondre avec justesse : « vous, je ne sais pas, mais moi, je suis innocent ». 
Ici, 
on s'occupe de ses affaires, pour : « Moi, 
je m'occupe de mes affaires. » Ou encore : 
on est venus avec notre voiture, pour : « 
nous sommes venus avec notre voiture. » Quelque part, c’est une manière quand même plus élégante de dire : et qu’est-ce qu’elle veut la petite dame ?
								
 
										Finalement, on, c’est beaucoup de gens, mais on ne sait pas forcément qui. Et c’est précisément cela la force du on : on ne sait pas qui est on, mais il a bien fallu que ce soit quelqu’un.
								 
										L’emploi de 
on est resté rare jusqu’au XIXe siècle, puis il est devenu de plus en plus fréquent dans le vernaculaire, au point de remplacer 
nous dans certains milieux défavorisés. Et c’est au milieu du XXe siècle et qu’il est devenu la forme normale de la conversation courante, reléguant 
nous aux contextes plus formels du registre soutenu. De nombreux grammairiens du XXe siècle considèrent que 
on appartient pleinement au système pronominal du parler populaire. À l’époque, 
on, a été pourchassé par les professeurs de purisme alors qu’il était extrêmement usité dans les milieux populaires. Cependant, c’était un mot commode, c’est pourquoi il s’est répandu partout au lieu de la première personne, 
je et 
nous. 
on s’est presque substitué à 
nous dans l’usage parlé, même dans le discours familier des personnes cultivées. 
Si le 
on a eu du succès, c’est qu’il est rentable. 
Déjà, il existe une grande similarité sémantique entre le sens de 
on et celui de 
nous, ce qui favorise le passage de l’un à l’autre assez facilement. Sur le plan morphologique, l’économie réalisée par l’usage de 
on n’est pas négligeable, c’est une forme plus facile à utiliser, mais surtout, l’ascension rapide de 
on au XIXe siècle correspond à une période de grands bouleversements sociaux, et il faut l’admettre, 
on est plus facile à utiliser que 
nous.
Aujourd’hui, le remplacement presque total de 
nous par 
on, est constaté. Le premier reste réservé aux situations formelles.
								
 
										Après avoir fait un tour historique, on remarque que 
on désigne quelqu’un qu’on ne connaît pas ou qu’on ne veut pas désigner (
on m’a dit, c’est quelqu’un qui m’a dit, 
on sonne à la parte) ; 
on désigne aussi beaucoup de gens (
on fête Noël, 
on défile le 14 juillet) sans que l’on s’inclue ; si on s’inclut, c’est une manière de dire nous (
on va au restaurant pour nous allons au restaurant).
On désigne souvent un faux singulier, et dans ce cas il faut l’accorder au masculin singulier (
on est 
allé  au restaurant, alors qu’on écrirait 
nous sommes allés au restaurant). Cependant certains grammairiens acceptent que quand le féminin est employé et s’entend, l’accord et accepté : 
je suis partante, ou 
on est partantes. 
Mais si on l’accepte, et pourquoi pas, lorsque (
on est mis à la place de nous, l'accord se fait alors comme si le (
on était de la première personne du pluriel avec les participes passés : on est 
rentrés tard cette nuit. 
Cet emploi de on se fait à l'oral où l’on préfère largement utiliser le 
on à la place du 
nous. La question devient délicate pour le transcripteur de l’oral. 
Comment écrire ce (
on oral ? Comment retranscrire une forme purement orale ? Eh bien, c’est le niveau de retraitement qui va le dire. Si le retraitement est soutenu, il faudra remplacer le 
on par 
nous. Si c’est de l’oral qui est voulu, alors il faut conserver le 
on et accorder le participe passé au pluriel si on estime que le locuteur voulait parler de plusieurs personnes et laisser le singulier si le 
on désignait un indéfini ou des gens en général.